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LA QUESTION ! *

 

L'art algérien entre deux rives

La maison des Arts, Antony

15 février au 02 avril 2017

Exposition collective avec Mohamed Aksouh I Abdelkader Guermaz I Mustapha Sedjal I Kamel Yahiaoui.

 

Lien PDF : https://issuu.com/mustaphasedjal/docs/la_question___mustapha_sedjal._2017


LA QUESTION ! *

 

                       Mustapha SEDJAL est un artiste protéiforme, qui travaille indistinctement de nombreux médiums : le dessin, qui est à la base de toutes ses œuvres « comme le squelette du corps humain » selon ses mots, mais aussi la peinture, la couture, la sculpture, la photographie et la vidéo. Ses créations, toujours réalisées avec une grande économie de formes et de motifs, vont à l’essentiel et sont empreintes d’une sobriété grave, qui entre en résonnance avec la profondeur du sujet traité.

De manière générale, l’artiste traite de la théorie de la déconstruction du philosophe Jacques Derrida (1930-2004) consistant à faire surgir les non-dits des textes. Ce concept irrigue son travail, qui mêle invariablement l’Histoire et la Mémoire coloniales et postcoloniales à sa

propre histoire et à sa mémoire personnelle, la France et l’Algérie.

 

Pour l’exposition de la Maison des Arts, Mustapha SEDJAL présente une création inédite associant trois dessins (La question! I, II, III), deux installations composées d’enveloppes de crânes (Prenez soin de vous)

et de cœurs modelés (Prenez soin de nous), ainsi que deux vidéos* (Être et Temps et Cartographie de l’oubli)*.

 

 

 

À l’origine de ce nouveau projet, se trouve un sujet ancien refaisant surface depuis le mois de mai 2016 : la présence, dans les réserves

du Musée de l’Homme à Paris, de 36 crânes de résistants algériens fusillés puis décapités par le corps expéditionnaire français à la suite de la révolte de Zaâtcha (près de Biskra, dans le nord-est du pays) en 1849, et que beaucoup souhaiteraient voir rapatriés sur leur terre d’origine.

L’artiste explore ainsi à travers cette œuvre, d’une part, la question de la restitution des artefacts anthropologiques entrés dans les collections de musées français au XIXe siècle de manière troublante et, d’autre

part et plus largement, celle de la mémoire et de l’histoire.

 

La maison des arts, Antony 2017

 

*Vidéos : Courtesy Galerie Karima Celestin

 









L’art algérien entre deux rives

 

L’histoire de l’art moderne algérien commence à l’époque coloniale. Confrontés aux peintures réalistes des peintres français (venus dans le sillage de la conquête de l’Algérie en 1830), à l’opposé de la tradition aniconique de leur pays, les artistes algériens de la première génération (1910-1950 environ) réfléchissent à la question de la figuration, comme Mohamed Racim (1896-1975), considéré comme le père de l’art moderne algérien.

Nourri dès l’origine de ces relations entre métropole et colonie, l’art algérien se place aujourd’hui encore entre deux rives, et une diaspora artistique algérienne existe bien en France. Parmi la richesse de cette scène artistique, la Maison des Arts a choisi d’exposer des oeuvres de cinq artistes : Abdelkader Guermaz (1919-1996), Mohamed Aksouh (1934-), Habib Hasnaoui (1955-), Mustapha Sedjal (1964-) et Kamel Yahiaoui (1966-).

 

A. Guermaz et M. Aksouh appartiennent à la deuxième génération d’artistes algériens, incarnant une rupture historique et artistique, couvrant la période des années 1950 aux années 1980 environ. Leur parcours et leur oeuvre en illustrent des particularités : la combinaison des abstractions européennes avec l’univers propre algérien, la primauté du sensible, l’installation à Paris au coeur des développements de l’art moderne.

Le travail d’H. Hasnaoui, M. Sedjal et K. Yahiaoui est quant à lui révélateur de la génération des artistes des années 1990 et 2000. Leurs oeuvres se caractérisent par des spécificités plastiques (usage de la photo et de la vidéo, multiplication des médiums) et conceptuelles (impact dans leurs créations de l’Histoire et de leur histoire personnelle). Ces artistes « agissent comme des révélateurs sensibles de situations éprouvantes, indicibles, ou comme agitateurs impertinents passant au crible les réalités sociales ou politiques » (Anissa Bouayed, historienne).

Des années 1950 à nos jours, l’art algérien a donc connu des bouleversements majeurs, dont les cinq artistes présentés témoignent. Des pionniers aux nouvelles générations, de la peinture et de la recherche d’un art « authentiquement » algérien à la multiplicité des médiums et à la revendication de récits autobiographiques, leurs oeuvres révèlent un même caractère métissé et inventent des « entre-mondes ».